SCÈNE 2



BRISÉIS
la princesse

BRISÉIS
la fée


Un banc, une crèche – un toboggan sous des guirlandes

BRISÉIS

Fais… la paix avec toi-même ma fille

BRISÉIS

Je voudrais être comme vous
Retirée du monde pour ne plus en souffrir

BRISÉIS

Commençons par mettre au monde cet enfant
« Soyez féconds, multipliez, et remplissez la terre »

BRISÉIS
s’adresse à son ventre

Mon bébé tu vas vivre et tu seras quelqu’un

BRISÉIS

Pompon et Jamal seront de bons parents

BRISÉIS

Tu auras une vie meilleure avec eux

BRISÉIS

Ils sont riches, bien établis et fervents chrétiens

BRISÉIS

Et puis tu restes dans la famille

BRISÉIS

Malgré le comportement dévoyé que m’a révélé le prêtre qui les confesse

BRISÉIS

Il n’est pas tenu au secret de la confession ?

BRISÉIS

Un secret c’est ce que l’on confie à quelqu’un pour qu’il le dise à tout le monde à notre place

BRISÉIS

Je suis épuisée

BRISÉIS

Tu n’imagines pas le nombre de bébés que l’on nous abandonne ici
Avec des petits mots glissés dans les langes plus émouvants les uns que les autres

BRISÉIS

Je n’ai plus la force

BRISÉIS
cherche dans une liasse de papiers

De toutes les couches de la société

BRISÉIS

Je n’ai plus d’espoir

BRISÉIS

Je me souviens d’un bébé, en mai 1966, le jeudi de l’Ascension, déposé avec un petit mot glissé dans sa marinière

BRISÉIS

Je n’ai plus d’argent

BRISÉIS

Celui-ci :
« Je gagne au jour la journée mon pain avec assez de peine, comment nourrirais-je une famille »
Non

BRISÉIS

Vous n’imaginez pas ce que j’ai vécu en si peu d’années

BRISÉIS

Celui-là :
« Il vaut mieux qu’ils soient orphelins que d’avoir pour père un fripon »
Non plus

BRISÉIS

J’ai 16 ans et je n’ai plus d’avenir

BRISÉIS

Voici !
Je suis né ce matin d’un amour illégitime et ce n’est qu’avec la plus humiliante affliction et la douleur la plus sensible que mon père et ma mère souffrant de l’extrême misère d’être hors d’état de me reconnaître, m’abandonnent en attendant que le ciel les favorise à me savoir heureux
Je souhaite, déposé à la fin de la messe de l’Ascension sous le porche du Parvis de la Basilique du Sacré-Cœur être recueilli par une famille croyante et pratiquante pour me faire recevoir le baptême et me rendre les services que ma tendre jeunesse les incline à me donner

BRISÉIS

Je ne peux plus retourner chez moi

BRISÉIS
range les papiers sauf celui-là

Tu peux rester ici le temps qu’il te plaira

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