Une scène vide sans décor
POMPON
s’adresse au public avec un accent du Sud
Je ne comprends rien à cette histoire
JAMAL
le visage caché derrière son masque chirurgical
C’est pourtant simple Pompon
POMPON
Il me prend pour une quiche le docteur « J’ai mal »
JAMAL
Jamal, mon loukoum, c’est libanais
POMPON
On ne capte rien derrière ce masque
JAMAL
Un instant avant l’an 2000 dans un jardin de Montmartre, un clochard ivre veut mettre fin à ses jours, lorsqu’une troupe s’installe pour jouer la comédie écrite à l’occasion qui conte l’histoire d’un enfant abandonné devenu clochard
POMPON
Masque
JAMAL
Il est obligé de le porter
Il est si beau, elle succomberait
POMPON
Ah ?!
JAMAL
D’accord, il lui montre pour voir
POMPON
Un peu comme une dégustation à l’aveugle
JAMAL
soulève son masque
Et voilà !
POMPON
Ah !
JAMAL
Alors ?
POMPON
Quoi ?
JAMAL
Des palpitations, extrasystoles
POMPON
Non
JAMAL
Des éblouissements, flash de lumière
POMPON
Rien
JAMAL
Des vertiges, pertes d’équilibre
POMPON
Pas plus
JAMAL
Ni pulpate, ni stroboscopis, ni badabum
Elle est immunisée
POMPON
Sans doute
JAMAL
Au casting, on cherchait un acteur très beau parlant couramment l’arabe
Il porte un masque et pas un mot d’arabe
Sauf des noms de pâtisseries et « ouille-aïe-aïe »
POMPON
C’est de l’arabe ça ?
JAMAL
On le dit souvent à Beyrouth
Et elle, pourquoi cet étrange accent du Sud ?
POMPON
Parce que le Liban c’est pas au sud peut-être ?!
JAMAL
Et comment parle-t-on d’habitude ?
POMPON
d’une voix grave avec l’accent « titi parisien »
Ah ben d’habitude je jacte comme ça
JAMAL
Bigre tout de même !
Il va demander au metteur en scène s’il a droit aux accents
Il domine assez celui belge
POMPON
avec un accent du Sud
C’est une metteuse en scène
JAMAL
Ne dit-on pas « mettrice en scène » ?
Sans vouloir éduquer
POMPON
Demandons le lui justement, puisque voici la maitresse